Les pratiques acceptées font l'objet de normes de formation reconnues (réglementaires ou universitaires) et sont souvent intégrées dans l'écosystème de santé. Elles ne comportent pas de risques ou de dérives dès lors où elles sont proposées par des praticiens dûment formés et diplômés. Pour être "adaptées", les pratiques "acceptées" doivent être dispensées dans le respect d'un ensemble de principes étiques accessibles dans le rapport A-MCA 2022 (ici)
Cette fiche d’information n’a pas de visée thérapeutique. Les pratiques s’inscrivent dans le champ du bien-être et ne peuvent pas guérir. Tout praticien est tenu de vous orienter vers un médecin lorsque les symptômes nécessitent un diagnostic ou lorsque le motif de consultation dépasse son champ de compétences. Attention, une même pratique peut-être acceptée, tolérée, rejetée selon un ensemble de critères définis dans le rapport AMCA 2022. Autrement dit, quelle que soit la pratique, il est recommandé de rester vigilant devant tout comportement ou discours inadapté.
Les dérives sectaires sont actuellement définies par la Mission Interministérielle de Lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Elles impliquent une emprise mentale de la personne et concerne tous les secteurs (religions, spiritualités, santé, bien-être...).
Concernant les dérives thérapeutiques, elles sont plus spécifiquement associées à la santé et consistent à proposer un acte ou une recommandation contraire aux recommandations médicales.
Les dérives involontaires concernent tous les actes et conseils inappropriés de praticiens qui n'ont pas la volonté de nuire : ils adhèrent "de toute bonne foi" à leurs approches risquées pour l'usager.
Enfin, les dérives volontaires sont liés aux charlatans qui usent et abusent volontairement des personnes impliquant également des risques pour la santé.
Comme l’explique le Pr Philippe-Jean PARQUET, médecin psychiatre et professeur des universités, dans l’ouvrage Médecines complémentaires et alternatives, pour ou contre ? Regards croisés sur la médecine de demain (2019), « la dérive thérapeutique fait référence à l’ensemble des recommandations et des méthodes non reconnues scientifiquement dispensées dans un objectif thérapeutique. Elle révèle un manque de qualifications des praticiens qui dispensent malgré tout, des pratiques à visée de soins dont les théories sous-jacentes ne sont pas fondées sur le plan scientifique ».
Pour concrétiser davantage la notion de dérives thérapeutiques et l’expliciter, l’Agence des Médecines Complémentaires Adaptées (A-MCA) a identifié différents critères de risques classés en trois catégories : la pratique, le praticien et l'usage.
Tout d’abord la pratique en tant que telle
"Certaines médecines alternatives et complémentaires sont par nature déviantes" indique Véronique SUISSA. C’est le cas par exemple de la méthode Hamer qui soutient la possibilité de se soigner par la volonté ou la pensée, ou encore de l’urinothérapie, méthode selon laquelle les substances contenues dans l’urine peuvent aider l’organisme à combattre certaines maladies. Elles sont généralement identifiées par la Miviludes qui informe en la matière. « Cela étant, la notion de "pratique" ne suffit pas puisque toute médecine alternative et complémentaire peut présenter un risque de dérive thérapeutique, involontaire ou volontaire parce que il ne s'agit pas que de la méthode mais aussi de la façon dont elle est dispensée ou utilisée», ajoute Véronique SUISSA.
Le praticien peut lui aussi être source de dérive
La dérive thérapeutique peut émaner du praticien lui même. Elle peut dans ce cas s'exprimer de différentes façons, notamment en incitant une personne à avoir recours à une méthode alternative et/ou en lui promettant une guérison miraculeuse. Ou encore en lui recommandant des pratiques complémentaires ou des thérapies alternatives allant à l’encontre des recommandations médicales. Il peut ainsi tenter de l'influencer et lui conseiller plus ou moins implicitement d’abandonner son traitement officiel pour n’utiliser que sa médecine alternative. Le praticien a donc l’intention de faire de ses croyances celles de l’usager, ce qui représente un risque de dérive thérapeutique. Pour Véronique SUISSA : « Le praticien peut certes être de bonne foi, mais son comportement n’en est pas moins déviant car il ne doit en aucun cas influencer la personne en essayant de modifier son système de croyance pour le faire adhérer au sien. »
Enfin, l’usager lui-même peut aussi se placer dans une forme de dérive
Les croyances et valeurs des personnes influencent directement leurs usages dans le domaine des médecines complémentaires et alternatives.
Un patient animé par des croyances irrationnelles ancrées (ex. autoguérison, énergétique...) associé à une méfiance envers la médecine officielle sera plus en risque de refuser des soins curatifs au profit de médecines alternatives, ce qui constitue un danger, notamment en cas de maladie. Il va par exemple attendre une guérison miraculeuse en ayant recours à une médecine complémentaire qu’il utilise et arrêter les autres prises en charge de sa pathologie sans nécessairement en informer son médecin, « ce qui présente un risque pour sa santé », rappelle Véronique SUISSA. Malheureusement, la dérive thérapeutique est souvent mal identifiée et souvent assimilée d'emblée à de la dérive sectaire "Pourtant reconnaître la dérive thérapeutique représente un enjeu pour être à même de lutter contre" ajoute Véronique SUISSA.
« Ce type de dérives confronte à un certain nombre de risques en ce sens qu’elles impliquent l’adhésion à des conceptions et pratiques de soins pouvant aller à l’encontre des principes éthiques ou des fondements scientifiques », rapporte le Pr PARQUET.
A la différence des dérives thérapeutiques, les dérives sectaires induisent une notion d’emprise mentale. « Elles nous renvoient aux notions d’embrigadement et d’écartement volontaires des libertés individuelles portant atteinte à la sécurité ou à l’intégrité des personnes, explique le psychiatre. Elles se caractérisent par l’asservissement d’une personne à un pseudo-thérapeute ou à une institution pseudo-thérapeutique. » Cet asservissement s’explique notamment par la représentation de chacun face à sa maladie. Dans certains cas, des usagers vont par exemple refuser de suivre les protocoles de soins proposés notamment parce que tous n’assurent pas la guérison ou sont vecteurs d’effets indésirables. Ils vont alors se tourner vers d’autres méthodes non reconnues. « Celles-ci leur semblent convaincantes parce qu’elles reposent sur des témoignages, des écrits, des théories plus ou moins solides, révélant également leur rattachement à des concepts non validés, indique le Pr PARQUET. C’est dans ce contexte d’adhérence irrationnelle que la personne se tourne alors vers des propositions qui vont lui faire perdre une chance probable ou certaine de guérison ; c’est le concept de ″perte de chance″. » Une quadruple motivation soutient cette démarche dans laquelle les promoteurs souhaitent contester le « système médical établi », démontrer le bien-fondé de leurs « théories », s’assurer un pouvoir sur les personnes adhérant à leurs « propositions alternatives » ou encore en tirer des bénéfices personnels. Cela induit alors un état psychologique particulier appelé « emprise mentale » qui se caractérise par plusieurs critères : une rupture imposée avec les habitudes et procédés antérieurs, l’adhésion et l’allégeance inconditionnelle à une personne, un groupe ou une institution, la dépossession des compétences d’une personne avec anesthésie affective, altération du jugement, perte des repères et des valeurs, et du sens critique, une altération de la liberté de choix ou encore l’induction et la réalisation d’actes gravement préjudiciables à la personne ou à la société.
Dans cette perspective, le Pr PARQUET rappelle l’importance d’établir une relation patient/soignant de qualité. L’alliance thérapeutique au sein d’une relation éclairée peut effectivement éviter un ensemble de dommages ainsi que les risques liés à la perte de chance de guérison. Si l’information parfois peu sécurisante peut provoquer leur refus de soins, elle reste une démarche indispensable pour que se noue une alliance thérapeutique, conditions de l’observance aux traitements et recommandations médicales.
Lire aussi l'article d'activité : "L'A-MCA organisateur d'un colloque sur les dérives en santé sous le haut patronage de Mme la Députée Laurence VANCEUNEBROCK"
Pratiques conventionnelles à visées de soins, rassemblant des méthodes validées par la Haute Autorité de Santé.
Cette fiche d’information n’a pas de visée thérapeutique. Les pratiques s’inscrivent dans le champ du bien-être et ne peuvent pas guérir. Tout praticien est tenu de vous orienter vers un médecin lorsque les symptômes nécessitent un diagnostic ou lorsque le motif de consultation dépasse son champ de compétences. Quelle que soit la pratique, il est recommandé de rester vigilant devant tout comportement ou discours inadapté.
Les dérives sectaires sont actuellement définies par la Mission Interministérielle de Lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Elles impliquent une emprise mentale de la personne et concerne tous les secteurs (religions, spiritualités, santé, bien-être...).
Concernant les dérives thérapeutiques, elles sont plus spécifiquement associées à la santé et consistent à proposer un acte ou une recommandation contraire aux recommandations médicales.
Les dérives involontaires concernent tous les actes et conseils inappropriés de praticiens qui n'ont pas la volonté de nuire : ils adhèrent "de toute bonne foi" à leurs approches risquées pour l'usager.
Enfin, les dérives volontaires sont liés aux charlatans qui usent et abusent volontairement des personnes impliquant également des risques pour la santé.
Comme l’explique le Pr Philippe-Jean PARQUET, médecin psychiatre et professeur des universités, dans l’ouvrage Médecines complémentaires et alternatives, pour ou contre ? Regards croisés sur la médecine de demain (2019), « la dérive thérapeutique fait référence à l’ensemble des recommandations et des méthodes non reconnues scientifiquement dispensées dans un objectif thérapeutique. Elle révèle un manque de qualifications des praticiens qui dispensent malgré tout, des pratiques à visée de soins dont les théories sous-jacentes ne sont pas fondées sur le plan scientifique ».
Pour concrétiser davantage la notion de dérives thérapeutiques et l’expliciter, l’Agence des Médecines Complémentaires Adaptées (A-MCA) a identifié différents critères de risques classés en trois catégories : la pratique, le praticien et l'usage.
Tout d’abord la pratique en tant que telle
"Certaines médecines alternatives et complémentaires sont par nature déviantes" indique Véronique SUISSA. C’est le cas par exemple de la méthode Hamer qui soutient la possibilité de se soigner par la volonté ou la pensée, ou encore de l’urinothérapie, méthode selon laquelle les substances contenues dans l’urine peuvent aider l’organisme à combattre certaines maladies. Elles sont généralement identifiées par la Miviludes qui informe en la matière. « Cela étant, la notion de "pratique" ne suffit pas puisque toute médecine alternative et complémentaire peut présenter un risque de dérive thérapeutique, involontaire ou volontaire parce que il ne s'agit pas que de la méthode mais aussi de la façon dont elle est dispensée ou utilisée», ajoute Véronique SUISSA.
Le praticien peut lui aussi être source de dérive
La dérive thérapeutique peut émaner du praticien lui même. Elle peut dans ce cas s'exprimer de différentes façons, notamment en incitant une personne à avoir recours à une méthode alternative et/ou en lui promettant une guérison miraculeuse. Ou encore en lui recommandant des pratiques complémentaires ou des thérapies alternatives allant à l’encontre des recommandations médicales. Il peut ainsi tenter de l'influencer et lui conseiller plus ou moins implicitement d’abandonner son traitement officiel pour n’utiliser que sa médecine alternative. Le praticien a donc l’intention de faire de ses croyances celles de l’usager, ce qui représente un risque de dérive thérapeutique. Pour Véronique SUISSA : « Le praticien peut certes être de bonne foi, mais son comportement n’en est pas moins déviant car il ne doit en aucun cas influencer la personne en essayant de modifier son système de croyance pour le faire adhérer au sien. »
Enfin, l’usager lui-même peut aussi se placer dans une forme de dérive
Les croyances et valeurs des personnes influencent directement leurs usages dans le domaine des médecines complémentaires et alternatives.
Un patient animé par des croyances irrationnelles ancrées (ex. autoguérison, énergétique...) associé à une méfiance envers la médecine officielle sera plus en risque de refuser des soins curatifs au profit de médecines alternatives, ce qui constitue un danger, notamment en cas de maladie. Il va par exemple attendre une guérison miraculeuse en ayant recours à une médecine complémentaire qu’il utilise et arrêter les autres prises en charge de sa pathologie sans nécessairement en informer son médecin, « ce qui présente un risque pour sa santé », rappelle Véronique SUISSA. Malheureusement, la dérive thérapeutique est souvent mal identifiée et souvent assimilée d'emblée à de la dérive sectaire "Pourtant reconnaître la dérive thérapeutique représente un enjeu pour être à même de lutter contre" ajoute Véronique SUISSA.
« Ce type de dérives confronte à un certain nombre de risques en ce sens qu’elles impliquent l’adhésion à des conceptions et pratiques de soins pouvant aller à l’encontre des principes éthiques ou des fondements scientifiques », rapporte le Pr PARQUET.
A la différence des dérives thérapeutiques, les dérives sectaires induisent une notion d’emprise mentale. « Elles nous renvoient aux notions d’embrigadement et d’écartement volontaires des libertés individuelles portant atteinte à la sécurité ou à l’intégrité des personnes, explique le psychiatre. Elles se caractérisent par l’asservissement d’une personne à un pseudo-thérapeute ou à une institution pseudo-thérapeutique. » Cet asservissement s’explique notamment par la représentation de chacun face à sa maladie. Dans certains cas, des usagers vont par exemple refuser de suivre les protocoles de soins proposés notamment parce que tous n’assurent pas la guérison ou sont vecteurs d’effets indésirables. Ils vont alors se tourner vers d’autres méthodes non reconnues. « Celles-ci leur semblent convaincantes parce qu’elles reposent sur des témoignages, des écrits, des théories plus ou moins solides, révélant également leur rattachement à des concepts non validés, indique le Pr PARQUET. C’est dans ce contexte d’adhérence irrationnelle que la personne se tourne alors vers des propositions qui vont lui faire perdre une chance probable ou certaine de guérison ; c’est le concept de ″perte de chance″. » Une quadruple motivation soutient cette démarche dans laquelle les promoteurs souhaitent contester le « système médical établi », démontrer le bien-fondé de leurs « théories », s’assurer un pouvoir sur les personnes adhérant à leurs « propositions alternatives » ou encore en tirer des bénéfices personnels. Cela induit alors un état psychologique particulier appelé « emprise mentale » qui se caractérise par plusieurs critères : une rupture imposée avec les habitudes et procédés antérieurs, l’adhésion et l’allégeance inconditionnelle à une personne, un groupe ou une institution, la dépossession des compétences d’une personne avec anesthésie affective, altération du jugement, perte des repères et des valeurs, et du sens critique, une altération de la liberté de choix ou encore l’induction et la réalisation d’actes gravement préjudiciables à la personne ou à la société.
Dans cette perspective, le Pr PARQUET rappelle l’importance d’établir une relation patient/soignant de qualité. L’alliance thérapeutique au sein d’une relation éclairée peut effectivement éviter un ensemble de dommages ainsi que les risques liés à la perte de chance de guérison. Si l’information parfois peu sécurisante peut provoquer leur refus de soins, elle reste une démarche indispensable pour que se noue une alliance thérapeutique, conditions de l’observance aux traitements et recommandations médicales.
Lire aussi l'article d'activité : "L'A-MCA organisateur d'un colloque sur les dérives en santé sous le haut patronage de Mme la Députée Laurence VANCEUNEBROCK"
Pratiques conventionnelles à visées de soins, rassemblant des méthodes validées par la Haute Autorité de Santé.
Cette fiche d’information n’a pas de visée thérapeutique. Les pratiques s’inscrivent dans le champ du bien-être et ne peuvent pas guérir. Tout praticien est tenu de vous orienter vers un médecin lorsque les symptômes nécessitent un diagnostic ou lorsque le motif de consultation dépasse son champ de compétences. Quelle que soit la pratique, il est recommandé de rester vigilant devant tout comportement ou discours inadapté.
Les dérives sectaires sont actuellement définies par la Mission Interministérielle de Lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Elles impliquent une emprise mentale de la personne et concerne tous les secteurs (religions, spiritualités, santé, bien-être...).
Concernant les dérives thérapeutiques, elles sont plus spécifiquement associées à la santé et consistent à proposer un acte ou une recommandation contraire aux recommandations médicales.
Les dérives involontaires concernent tous les actes et conseils inappropriés de praticiens qui n'ont pas la volonté de nuire : ils adhèrent "de toute bonne foi" à leurs approches risquées pour l'usager.
Enfin, les dérives volontaires sont liés aux charlatans qui usent et abusent volontairement des personnes impliquant également des risques pour la santé.
Comme l’explique le Pr Philippe-Jean PARQUET, médecin psychiatre et professeur des universités, dans l’ouvrage Médecines complémentaires et alternatives, pour ou contre ? Regards croisés sur la médecine de demain (2019), « la dérive thérapeutique fait référence à l’ensemble des recommandations et des méthodes non reconnues scientifiquement dispensées dans un objectif thérapeutique. Elle révèle un manque de qualifications des praticiens qui dispensent malgré tout, des pratiques à visée de soins dont les théories sous-jacentes ne sont pas fondées sur le plan scientifique ».
Pour concrétiser davantage la notion de dérives thérapeutiques et l’expliciter, l’Agence des Médecines Complémentaires Adaptées (A-MCA) a identifié différents critères de risques classés en trois catégories : la pratique, le praticien et l'usage.
Tout d’abord la pratique en tant que telle
"Certaines médecines alternatives et complémentaires sont par nature déviantes" indique Véronique SUISSA. C’est le cas par exemple de la méthode Hamer qui soutient la possibilité de se soigner par la volonté ou la pensée, ou encore de l’urinothérapie, méthode selon laquelle les substances contenues dans l’urine peuvent aider l’organisme à combattre certaines maladies. Elles sont généralement identifiées par la Miviludes qui informe en la matière. « Cela étant, la notion de "pratique" ne suffit pas puisque toute médecine alternative et complémentaire peut présenter un risque de dérive thérapeutique, involontaire ou volontaire parce que il ne s'agit pas que de la méthode mais aussi de la façon dont elle est dispensée ou utilisée», ajoute Véronique SUISSA.
Le praticien peut lui aussi être source de dérive
La dérive thérapeutique peut émaner du praticien lui même. Elle peut dans ce cas s'exprimer de différentes façons, notamment en incitant une personne à avoir recours à une méthode alternative et/ou en lui promettant une guérison miraculeuse. Ou encore en lui recommandant des pratiques complémentaires ou des thérapies alternatives allant à l’encontre des recommandations médicales. Il peut ainsi tenter de l'influencer et lui conseiller plus ou moins implicitement d’abandonner son traitement officiel pour n’utiliser que sa médecine alternative. Le praticien a donc l’intention de faire de ses croyances celles de l’usager, ce qui représente un risque de dérive thérapeutique. Pour Véronique SUISSA : « Le praticien peut certes être de bonne foi, mais son comportement n’en est pas moins déviant car il ne doit en aucun cas influencer la personne en essayant de modifier son système de croyance pour le faire adhérer au sien. »
Enfin, l’usager lui-même peut aussi se placer dans une forme de dérive
Les croyances et valeurs des personnes influencent directement leurs usages dans le domaine des médecines complémentaires et alternatives.
Un patient animé par des croyances irrationnelles ancrées (ex. autoguérison, énergétique...) associé à une méfiance envers la médecine officielle sera plus en risque de refuser des soins curatifs au profit de médecines alternatives, ce qui constitue un danger, notamment en cas de maladie. Il va par exemple attendre une guérison miraculeuse en ayant recours à une médecine complémentaire qu’il utilise et arrêter les autres prises en charge de sa pathologie sans nécessairement en informer son médecin, « ce qui présente un risque pour sa santé », rappelle Véronique SUISSA. Malheureusement, la dérive thérapeutique est souvent mal identifiée et souvent assimilée d'emblée à de la dérive sectaire "Pourtant reconnaître la dérive thérapeutique représente un enjeu pour être à même de lutter contre" ajoute Véronique SUISSA.
« Ce type de dérives confronte à un certain nombre de risques en ce sens qu’elles impliquent l’adhésion à des conceptions et pratiques de soins pouvant aller à l’encontre des principes éthiques ou des fondements scientifiques », rapporte le Pr PARQUET.
A la différence des dérives thérapeutiques, les dérives sectaires induisent une notion d’emprise mentale. « Elles nous renvoient aux notions d’embrigadement et d’écartement volontaires des libertés individuelles portant atteinte à la sécurité ou à l’intégrité des personnes, explique le psychiatre. Elles se caractérisent par l’asservissement d’une personne à un pseudo-thérapeute ou à une institution pseudo-thérapeutique. » Cet asservissement s’explique notamment par la représentation de chacun face à sa maladie. Dans certains cas, des usagers vont par exemple refuser de suivre les protocoles de soins proposés notamment parce que tous n’assurent pas la guérison ou sont vecteurs d’effets indésirables. Ils vont alors se tourner vers d’autres méthodes non reconnues. « Celles-ci leur semblent convaincantes parce qu’elles reposent sur des témoignages, des écrits, des théories plus ou moins solides, révélant également leur rattachement à des concepts non validés, indique le Pr PARQUET. C’est dans ce contexte d’adhérence irrationnelle que la personne se tourne alors vers des propositions qui vont lui faire perdre une chance probable ou certaine de guérison ; c’est le concept de ″perte de chance″. » Une quadruple motivation soutient cette démarche dans laquelle les promoteurs souhaitent contester le « système médical établi », démontrer le bien-fondé de leurs « théories », s’assurer un pouvoir sur les personnes adhérant à leurs « propositions alternatives » ou encore en tirer des bénéfices personnels. Cela induit alors un état psychologique particulier appelé « emprise mentale » qui se caractérise par plusieurs critères : une rupture imposée avec les habitudes et procédés antérieurs, l’adhésion et l’allégeance inconditionnelle à une personne, un groupe ou une institution, la dépossession des compétences d’une personne avec anesthésie affective, altération du jugement, perte des repères et des valeurs, et du sens critique, une altération de la liberté de choix ou encore l’induction et la réalisation d’actes gravement préjudiciables à la personne ou à la société.
Dans cette perspective, le Pr PARQUET rappelle l’importance d’établir une relation patient/soignant de qualité. L’alliance thérapeutique au sein d’une relation éclairée peut effectivement éviter un ensemble de dommages ainsi que les risques liés à la perte de chance de guérison. Si l’information parfois peu sécurisante peut provoquer leur refus de soins, elle reste une démarche indispensable pour que se noue une alliance thérapeutique, conditions de l’observance aux traitements et recommandations médicales.
Lire aussi l'article d'activité : "L'A-MCA organisateur d'un colloque sur les dérives en santé sous le haut patronage de Mme la Députée Laurence VANCEUNEBROCK"
Les pratiques tolérées ne font l'objet d'aucune norme de formation reconnue (réglementaire ou universitaire) et sont rarement intégrées dans l'écosystème de santé, sauf exception (ex. soutien spirituel en soins palliatifs). Elles ne sont pas dangereuses dès lors où elles sont proposées en complément des soins officiels par des praticiens suffisamment formés et compétents. Cependant, elles comportent des risques potentiels et des dérives involontaires du fait de l'absence de formations officielles. Pour ne pas présenter de risques, elles doivent être doivent être dispensées dans le respect d'un ensemble de principes éthiques accessibles dans le rapport A-MCA 2022 (ici).
Cette fiche d’information n’a pas de visée thérapeutique. Les pratiques s’inscrivent dans le champ du bien-être et ne peuvent pas guérir. Tout praticien est tenu de vous orienter vers un médecin lorsque les symptômes nécessitent un diagnostic ou lorsque le motif de consultation dépasse son champ de compétences. Attention, une même pratique peut-être acceptée, tolérée ou rejetée selon un ensemble de critères définis dans le rapport A-MCA 2022. Autrement dit, quelle que soit la pratique, il est recommandé de rester vigilant devant tout comportement ou discours inadapté.
Les dérives sectaires sont actuellement définies par la Mission Interministérielle de Lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Elles impliquent une emprise mentale de la personne et concerne tous les secteurs (religions, spiritualités, santé, bien-être...).
Concernant les dérives thérapeutiques, elles sont plus spécifiquement associées à la santé et consistent à proposer un acte ou une recommandation contraire aux recommandations médicales.
Les dérives involontaires concernent tous les actes et conseils inappropriés de praticiens qui n'ont pas la volonté de nuire : ils adhèrent "de toute bonne foi" à leurs approches risquées pour l'usager.
Enfin, les dérives volontaires sont liés aux charlatans qui usent et abusent volontairement des personnes impliquant également des risques pour la santé.
Comme l’explique le Pr Philippe-Jean PARQUET, médecin psychiatre et professeur des universités, dans l’ouvrage Médecines complémentaires et alternatives, pour ou contre ? Regards croisés sur la médecine de demain (2019), « la dérive thérapeutique fait référence à l’ensemble des recommandations et des méthodes non reconnues scientifiquement dispensées dans un objectif thérapeutique. Elle révèle un manque de qualifications des praticiens qui dispensent malgré tout, des pratiques à visée de soins dont les théories sous-jacentes ne sont pas fondées sur le plan scientifique ».
Pour concrétiser davantage la notion de dérives thérapeutiques et l’expliciter, l’Agence des Médecines Complémentaires Adaptées (A-MCA) a identifié différents critères de risques classés en trois catégories : la pratique, le praticien et l'usage.
Tout d’abord la pratique en tant que telle
"Certaines médecines alternatives et complémentaires sont par nature déviantes" indique Véronique SUISSA. C’est le cas par exemple de la méthode Hamer qui soutient la possibilité de se soigner par la volonté ou la pensée, ou encore de l’urinothérapie, méthode selon laquelle les substances contenues dans l’urine peuvent aider l’organisme à combattre certaines maladies. Elles sont généralement identifiées par la Miviludes qui informe en la matière. « Cela étant, la notion de "pratique" ne suffit pas puisque toute médecine alternative et complémentaire peut présenter un risque de dérive thérapeutique, involontaire ou volontaire parce que il ne s'agit pas que de la méthode mais aussi de la façon dont elle est dispensée ou utilisée», ajoute Véronique SUISSA.
Le praticien peut lui aussi être source de dérive
La dérive thérapeutique peut émaner du praticien lui même. Elle peut dans ce cas s'exprimer de différentes façons, notamment en incitant une personne à avoir recours à une méthode alternative et/ou en lui promettant une guérison miraculeuse. Ou encore en lui recommandant des pratiques complémentaires ou des thérapies alternatives allant à l’encontre des recommandations médicales. Il peut ainsi tenter de l'influencer et lui conseiller plus ou moins implicitement d’abandonner son traitement officiel pour n’utiliser que sa médecine alternative. Le praticien a donc l’intention de faire de ses croyances celles de l’usager, ce qui représente un risque de dérive thérapeutique. Pour Véronique SUISSA : « Le praticien peut certes être de bonne foi, mais son comportement n’en est pas moins déviant car il ne doit en aucun cas influencer la personne en essayant de modifier son système de croyance pour le faire adhérer au sien. »
Enfin, l’usager lui-même peut aussi se placer dans une forme de dérive
Les croyances et valeurs des personnes influencent directement leurs usages dans le domaine des médecines complémentaires et alternatives.
Un patient animé par des croyances irrationnelles ancrées (ex. autoguérison, énergétique...) associé à une méfiance envers la médecine officielle sera plus en risque de refuser des soins curatifs au profit de médecines alternatives, ce qui constitue un danger, notamment en cas de maladie. Il va par exemple attendre une guérison miraculeuse en ayant recours à une médecine complémentaire qu’il utilise et arrêter les autres prises en charge de sa pathologie sans nécessairement en informer son médecin, « ce qui présente un risque pour sa santé », rappelle Véronique SUISSA. Malheureusement, la dérive thérapeutique est souvent mal identifiée et souvent assimilée d'emblée à de la dérive sectaire "Pourtant reconnaître la dérive thérapeutique représente un enjeu pour être à même de lutter contre" ajoute Véronique SUISSA.
« Ce type de dérives confronte à un certain nombre de risques en ce sens qu’elles impliquent l’adhésion à des conceptions et pratiques de soins pouvant aller à l’encontre des principes éthiques ou des fondements scientifiques », rapporte le Pr PARQUET.
A la différence des dérives thérapeutiques, les dérives sectaires induisent une notion d’emprise mentale. « Elles nous renvoient aux notions d’embrigadement et d’écartement volontaires des libertés individuelles portant atteinte à la sécurité ou à l’intégrité des personnes, explique le psychiatre. Elles se caractérisent par l’asservissement d’une personne à un pseudo-thérapeute ou à une institution pseudo-thérapeutique. » Cet asservissement s’explique notamment par la représentation de chacun face à sa maladie. Dans certains cas, des usagers vont par exemple refuser de suivre les protocoles de soins proposés notamment parce que tous n’assurent pas la guérison ou sont vecteurs d’effets indésirables. Ils vont alors se tourner vers d’autres méthodes non reconnues. « Celles-ci leur semblent convaincantes parce qu’elles reposent sur des témoignages, des écrits, des théories plus ou moins solides, révélant également leur rattachement à des concepts non validés, indique le Pr PARQUET. C’est dans ce contexte d’adhérence irrationnelle que la personne se tourne alors vers des propositions qui vont lui faire perdre une chance probable ou certaine de guérison ; c’est le concept de ″perte de chance″. » Une quadruple motivation soutient cette démarche dans laquelle les promoteurs souhaitent contester le « système médical établi », démontrer le bien-fondé de leurs « théories », s’assurer un pouvoir sur les personnes adhérant à leurs « propositions alternatives » ou encore en tirer des bénéfices personnels. Cela induit alors un état psychologique particulier appelé « emprise mentale » qui se caractérise par plusieurs critères : une rupture imposée avec les habitudes et procédés antérieurs, l’adhésion et l’allégeance inconditionnelle à une personne, un groupe ou une institution, la dépossession des compétences d’une personne avec anesthésie affective, altération du jugement, perte des repères et des valeurs, et du sens critique, une altération de la liberté de choix ou encore l’induction et la réalisation d’actes gravement préjudiciables à la personne ou à la société.
Dans cette perspective, le Pr PARQUET rappelle l’importance d’établir une relation patient/soignant de qualité. L’alliance thérapeutique au sein d’une relation éclairée peut effectivement éviter un ensemble de dommages ainsi que les risques liés à la perte de chance de guérison. Si l’information parfois peu sécurisante peut provoquer leur refus de soins, elle reste une démarche indispensable pour que se noue une alliance thérapeutique, conditions de l’observance aux traitements et recommandations médicales.
Lire aussi l'article d'activité : "L'A-MCA organisateur d'un colloque sur les dérives en santé sous le haut patronage de Mme la Députée Laurence VANCEUNEBROCK"
Pratiques ne détenant pas de cadre, rarement intégrées et dont la formation n'est pas reconnue.
Les dérives sectaires sont actuellement définies par la Mission Interministérielle de Lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Elles impliquent une emprise mentale de la personne et concerne tous les secteurs (religions, spiritualités, santé, bien-être...).
Concernant les dérives thérapeutiques, elles sont plus spécifiquement associées à la santé et consistent à proposer un acte ou une recommandation contraire aux recommandations médicales.
Les dérives involontaires concernent tous les actes et conseils inappropriés de praticiens qui n'ont pas la volonté de nuire : ils adhèrent "de toute bonne foi" à leurs approches risquées pour l'usager.
Enfin, les dérives volontaires sont liés aux charlatans qui usent et abusent volontairement des personnes impliquant également des risques pour la santé.
Comme l’explique le Pr Philippe-Jean PARQUET, médecin psychiatre et professeur des universités, dans l’ouvrage Médecines complémentaires et alternatives, pour ou contre ? Regards croisés sur la médecine de demain (2019), « la dérive thérapeutique fait référence à l’ensemble des recommandations et des méthodes non reconnues scientifiquement dispensées dans un objectif thérapeutique. Elle révèle un manque de qualifications des praticiens qui dispensent malgré tout, des pratiques à visée de soins dont les théories sous-jacentes ne sont pas fondées sur le plan scientifique ».
Pour concrétiser davantage la notion de dérives thérapeutiques et l’expliciter, l’Agence des Médecines Complémentaires Adaptées (A-MCA) a identifié différents critères de risques classés en trois catégories : la pratique, le praticien et l'usage.
Tout d’abord la pratique en tant que telle
"Certaines médecines alternatives et complémentaires sont par nature déviantes" indique Véronique SUISSA. C’est le cas par exemple de la méthode Hamer qui soutient la possibilité de se soigner par la volonté ou la pensée, ou encore de l’urinothérapie, méthode selon laquelle les substances contenues dans l’urine peuvent aider l’organisme à combattre certaines maladies. Elles sont généralement identifiées par la Miviludes qui informe en la matière. « Cela étant, la notion de "pratique" ne suffit pas puisque toute médecine alternative et complémentaire peut présenter un risque de dérive thérapeutique, involontaire ou volontaire parce que il ne s'agit pas que de la méthode mais aussi de la façon dont elle est dispensée ou utilisée», ajoute Véronique SUISSA.
Le praticien peut lui aussi être source de dérive
La dérive thérapeutique peut émaner du praticien lui même. Elle peut dans ce cas s'exprimer de différentes façons, notamment en incitant une personne à avoir recours à une méthode alternative et/ou en lui promettant une guérison miraculeuse. Ou encore en lui recommandant des pratiques complémentaires ou des thérapies alternatives allant à l’encontre des recommandations médicales. Il peut ainsi tenter de l'influencer et lui conseiller plus ou moins implicitement d’abandonner son traitement officiel pour n’utiliser que sa médecine alternative. Le praticien a donc l’intention de faire de ses croyances celles de l’usager, ce qui représente un risque de dérive thérapeutique. Pour Véronique SUISSA : « Le praticien peut certes être de bonne foi, mais son comportement n’en est pas moins déviant car il ne doit en aucun cas influencer la personne en essayant de modifier son système de croyance pour le faire adhérer au sien. »
Enfin, l’usager lui-même peut aussi se placer dans une forme de dérive
Les croyances et valeurs des personnes influencent directement leurs usages dans le domaine des médecines complémentaires et alternatives.
Un patient animé par des croyances irrationnelles ancrées (ex. autoguérison, énergétique...) associé à une méfiance envers la médecine officielle sera plus en risque de refuser des soins curatifs au profit de médecines alternatives, ce qui constitue un danger, notamment en cas de maladie. Il va par exemple attendre une guérison miraculeuse en ayant recours à une médecine complémentaire qu’il utilise et arrêter les autres prises en charge de sa pathologie sans nécessairement en informer son médecin, « ce qui présente un risque pour sa santé », rappelle Véronique SUISSA. Malheureusement, la dérive thérapeutique est souvent mal identifiée et souvent assimilée d'emblée à de la dérive sectaire "Pourtant reconnaître la dérive thérapeutique représente un enjeu pour être à même de lutter contre" ajoute Véronique SUISSA.
« Ce type de dérives confronte à un certain nombre de risques en ce sens qu’elles impliquent l’adhésion à des conceptions et pratiques de soins pouvant aller à l’encontre des principes éthiques ou des fondements scientifiques », rapporte le Pr PARQUET.
A la différence des dérives thérapeutiques, les dérives sectaires induisent une notion d’emprise mentale. « Elles nous renvoient aux notions d’embrigadement et d’écartement volontaires des libertés individuelles portant atteinte à la sécurité ou à l’intégrité des personnes, explique le psychiatre. Elles se caractérisent par l’asservissement d’une personne à un pseudo-thérapeute ou à une institution pseudo-thérapeutique. » Cet asservissement s’explique notamment par la représentation de chacun face à sa maladie. Dans certains cas, des usagers vont par exemple refuser de suivre les protocoles de soins proposés notamment parce que tous n’assurent pas la guérison ou sont vecteurs d’effets indésirables. Ils vont alors se tourner vers d’autres méthodes non reconnues. « Celles-ci leur semblent convaincantes parce qu’elles reposent sur des témoignages, des écrits, des théories plus ou moins solides, révélant également leur rattachement à des concepts non validés, indique le Pr PARQUET. C’est dans ce contexte d’adhérence irrationnelle que la personne se tourne alors vers des propositions qui vont lui faire perdre une chance probable ou certaine de guérison ; c’est le concept de ″perte de chance″. » Une quadruple motivation soutient cette démarche dans laquelle les promoteurs souhaitent contester le « système médical établi », démontrer le bien-fondé de leurs « théories », s’assurer un pouvoir sur les personnes adhérant à leurs « propositions alternatives » ou encore en tirer des bénéfices personnels. Cela induit alors un état psychologique particulier appelé « emprise mentale » qui se caractérise par plusieurs critères : une rupture imposée avec les habitudes et procédés antérieurs, l’adhésion et l’allégeance inconditionnelle à une personne, un groupe ou une institution, la dépossession des compétences d’une personne avec anesthésie affective, altération du jugement, perte des repères et des valeurs, et du sens critique, une altération de la liberté de choix ou encore l’induction et la réalisation d’actes gravement préjudiciables à la personne ou à la société.
Dans cette perspective, le Pr PARQUET rappelle l’importance d’établir une relation patient/soignant de qualité. L’alliance thérapeutique au sein d’une relation éclairée peut effectivement éviter un ensemble de dommages ainsi que les risques liés à la perte de chance de guérison. Si l’information parfois peu sécurisante peut provoquer leur refus de soins, elle reste une démarche indispensable pour que se noue une alliance thérapeutique, conditions de l’observance aux traitements et recommandations médicales.
Lire aussi l'article d'activité : "L'A-MCA organisateur d'un colloque sur les dérives en santé sous le haut patronage de Mme la Députée Laurence VANCEUNEBROCK"
Le secteur des médecines complémentaires et alternatives (MCA) peut parfois conduire à des dérives. Entre dérives sectaires et dérives thérapeutiques, dérives volontaires et involontaires, les différences sont notables, mais toutes requièrent une attention particulière.
Mots clés : Médecines alternatives - Dérives sectaires et thérapeutiques - Dérives volontaires et involontaires - Santé
Les personnes ayant recours aux Médecines Complémentaires et Alternatives (MCA) ne sont pas à l’abri de rencontrer des personnes malintentionnées et se retrouver victimes de dérives thérapeutiques ou sectaires, qui chacune, ont des caractéristiques qui leurs sont propres.
Les dérives sectaires sont actuellement définies par la Mission Interministérielle de Lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Elles impliquent une emprise mentale de la personne et concerne tous les secteurs (religions, spiritualités, santé, bien-être...).
Concernant les dérives thérapeutiques, elles sont plus spécifiquement associées à la santé et consistent à proposer un acte ou une recommandation contraire aux recommandations médicales.
Les dérives involontaires concernent tous les actes et conseils inappropriés de praticiens qui n'ont pas la volonté de nuire : ils adhèrent "de toute bonne foi" à leurs approches risquées pour l'usager.
Enfin, les dérives volontaires sont liés aux charlatans qui usent et abusent volontairement des personnes impliquant également des risques pour la santé.
Comme l’explique le Pr Philippe-Jean PARQUET, médecin psychiatre et professeur des universités, dans l’ouvrage Médecines complémentaires et alternatives, pour ou contre ? Regards croisés sur la médecine de demain (2019), « la dérive thérapeutique fait référence à l’ensemble des recommandations et des méthodes non reconnues scientifiquement dispensées dans un objectif thérapeutique. Elle révèle un manque de qualifications des praticiens qui dispensent malgré tout, des pratiques à visée de soins dont les théories sous-jacentes ne sont pas fondées sur le plan scientifique ».
Pour concrétiser davantage la notion de dérives thérapeutiques et l’expliciter, l’Agence des Médecines Complémentaires Adaptées (A-MCA) a identifié différents critères de risques classés en trois catégories : la pratique, le praticien et l'usage.
Tout d’abord la pratique en tant que telle
"Certaines médecines alternatives et complémentaires sont par nature déviantes" indique Véronique SUISSA. C’est le cas par exemple de la méthode Hamer qui soutient la possibilité de se soigner par la volonté ou la pensée, ou encore de l’urinothérapie, méthode selon laquelle les substances contenues dans l’urine peuvent aider l’organisme à combattre certaines maladies. Elles sont généralement identifiées par la Miviludes qui informe en la matière. « Cela étant, la notion de "pratique" ne suffit pas puisque toute médecine alternative et complémentaire peut présenter un risque de dérive thérapeutique, involontaire ou volontaire parce que il ne s'agit pas que de la méthode mais aussi de la façon dont elle est dispensée ou utilisée», ajoute Véronique SUISSA.
Le praticien peut lui aussi être source de dérive
La dérive thérapeutique peut émaner du praticien lui même. Elle peut dans ce cas s'exprimer de différentes façons, notamment en incitant une personne à avoir recours à une méthode alternative et/ou en lui promettant une guérison miraculeuse. Ou encore en lui recommandant des pratiques complémentaires ou des thérapies alternatives allant à l’encontre des recommandations médicales. Il peut ainsi tenter de l'influencer et lui conseiller plus ou moins implicitement d’abandonner son traitement officiel pour n’utiliser que sa médecine alternative. Le praticien a donc l’intention de faire de ses croyances celles de l’usager, ce qui représente un risque de dérive thérapeutique. Pour Véronique SUISSA : « Le praticien peut certes être de bonne foi, mais son comportement n’en est pas moins déviant car il ne doit en aucun cas influencer la personne en essayant de modifier son système de croyance pour le faire adhérer au sien. »
Enfin, l’usager lui-même peut aussi se placer dans une forme de dérive
Les croyances et valeurs des personnes influencent directement leurs usages dans le domaine des médecines complémentaires et alternatives.
Un patient animé par des croyances irrationnelles ancrées (ex. autoguérison, énergétique...) associé à une méfiance envers la médecine officielle sera plus en risque de refuser des soins curatifs au profit de médecines alternatives, ce qui constitue un danger, notamment en cas de maladie. Il va par exemple attendre une guérison miraculeuse en ayant recours à une médecine complémentaire qu’il utilise et arrêter les autres prises en charge de sa pathologie sans nécessairement en informer son médecin, « ce qui présente un risque pour sa santé », rappelle Véronique SUISSA. Malheureusement, la dérive thérapeutique est souvent mal identifiée et souvent assimilée d'emblée à de la dérive sectaire "Pourtant reconnaître la dérive thérapeutique représente un enjeu pour être à même de lutter contre" ajoute Véronique SUISSA.
« Ce type de dérives confronte à un certain nombre de risques en ce sens qu’elles impliquent l’adhésion à des conceptions et pratiques de soins pouvant aller à l’encontre des principes éthiques ou des fondements scientifiques », rapporte le Pr PARQUET.
A la différence des dérives thérapeutiques, les dérives sectaires induisent une notion d’emprise mentale. « Elles nous renvoient aux notions d’embrigadement et d’écartement volontaires des libertés individuelles portant atteinte à la sécurité ou à l’intégrité des personnes, explique le psychiatre. Elles se caractérisent par l’asservissement d’une personne à un pseudo-thérapeute ou à une institution pseudo-thérapeutique. » Cet asservissement s’explique notamment par la représentation de chacun face à sa maladie. Dans certains cas, des usagers vont par exemple refuser de suivre les protocoles de soins proposés notamment parce que tous n’assurent pas la guérison ou sont vecteurs d’effets indésirables. Ils vont alors se tourner vers d’autres méthodes non reconnues. « Celles-ci leur semblent convaincantes parce qu’elles reposent sur des témoignages, des écrits, des théories plus ou moins solides, révélant également leur rattachement à des concepts non validés, indique le Pr PARQUET. C’est dans ce contexte d’adhérence irrationnelle que la personne se tourne alors vers des propositions qui vont lui faire perdre une chance probable ou certaine de guérison ; c’est le concept de ″perte de chance″. » Une quadruple motivation soutient cette démarche dans laquelle les promoteurs souhaitent contester le « système médical établi », démontrer le bien-fondé de leurs « théories », s’assurer un pouvoir sur les personnes adhérant à leurs « propositions alternatives » ou encore en tirer des bénéfices personnels. Cela induit alors un état psychologique particulier appelé « emprise mentale » qui se caractérise par plusieurs critères : une rupture imposée avec les habitudes et procédés antérieurs, l’adhésion et l’allégeance inconditionnelle à une personne, un groupe ou une institution, la dépossession des compétences d’une personne avec anesthésie affective, altération du jugement, perte des repères et des valeurs, et du sens critique, une altération de la liberté de choix ou encore l’induction et la réalisation d’actes gravement préjudiciables à la personne ou à la société.
Dans cette perspective, le Pr PARQUET rappelle l’importance d’établir une relation patient/soignant de qualité. L’alliance thérapeutique au sein d’une relation éclairée peut effectivement éviter un ensemble de dommages ainsi que les risques liés à la perte de chance de guérison. Si l’information parfois peu sécurisante peut provoquer leur refus de soins, elle reste une démarche indispensable pour que se noue une alliance thérapeutique, conditions de l’observance aux traitements et recommandations médicales.
Lire aussi l'article d'activité : "L'A-MCA organisateur d'un colloque sur les dérives en santé sous le haut patronage de Mme la Députée Laurence VANCEUNEBROCK"